Au sein de la Sardaigne, se dresse le massif du Gennargentu, un havre de paix méconnu pour les amateurs de randonnée et d’authenticité. Loin des sentiers battus, ces montagnes sauvages recèlent des trésors naturels et culturels qui ne demandent qu’à être découverts. Le voyage commence par la traversée en ferry qui devient le prélude d’une immersion totale dans la vera Sardegna, la vraie Sardaigne des bergers et des traditions millénaires.
La traversée maritime : les options de ferry entre l’Italie continentale et la Sardaigne
Pour débuter un voyage en Sardaigne dans une démarche respectueuse de l’environnement, la traversée en ferry est une alternative plus douce et moins carbonée qu’un trajet en avion. Ce mode de transport permet d’apprécier la transition vers les paysages méditerranéens. Plusieurs compagnies maritimes assurent des liaisons régulières entre le continent italien et l’île. Pour réserver votre traversée, cliquez ici et découvrez les différentes options disponibles.
Les ports de départ et les ports d’arrivée
La Sardaigne est accessible toute l’année avec la compagnie Corsica Ferries, depuis les ports de Toulon et de Nice, avec une arrivée à Porto Torres, situé au nord-ouest de l’île. Les départs ont lieu principalement en soirée pour une traversée nocturne, bien que des options en journée soient également disponibles.
Depuis l’Italie, des liaisons quotidiennes sont proposées au départ de Livourne vers Golfo Aranci, au nord-est de la Sardaigne, en traversée de jour ou de nuit. En haute saison, vous pouvez aussi embarquer depuis Piombino pour rejoindre Golfo Aranci.
Durée et fréquence des traversées selon les itinéraires
La durée des traversées varie selon les itinéraires choisis. La Sardaigne est desservie toute l’année depuis les ports de Toulon et de Nice, avec des départs en fin de journée et une arrivée à Porto Torres après environ 10 à 12 heures de traversée. En haute saison, Piombino complète l’offre avec des départs vers Golfo Aranci à fréquence variable.
Le voyage en ferry vers la Sardaigne n’est pas qu’un simple moyen de transport, c’est déjà une partie de l’aventure. Ce sera l’occasion de vous imprégner de l’atmosphère méditerranéenne et d’observer les dauphins qui accompagnent parfois le navire.
La préparation logistique pour une randonnée dans le Gennargentu
Le Gennargentu est un territoire sauvage dont la traversée nécessite un équipement adapté et une planification minutieuse pour garantir une expérience à la fois sûre et inoubliable.
L’équipement indispensable : des chaussures de randonnée, un sac à dos, des vêtements techniques
L’équipement de base pour arpenter les sentiers du Gennargentu comprend des chaussures de randonnée solides. Les modèles montants maintiennent la cheville sur les terrains accidentés. Un sac à dos d’une capacité de 30 à 40 litres sera suffisant pour des randonnées à la journée, tandis qu’un modèle de 50 à 60 litres conviendra pour des treks de plusieurs jours. Les vêtements techniques, respirants et à séchage rapide, sont indispensables pour s’adapter aux variations de température entre les vallées et les sommets.
Des cartes topographiques et un GPS : les sentiers balisés ou les sentiers hors-piste
Bien que certains sentiers du Gennargentu soient balisés, de nombreux itinéraires restent peu marqués. Il est donc nécessaire de se munir de cartes topographiques détaillées de la région. L’IGM
(Institut Géographique Militaire italien) produit des cartes au 1:25 000 qui couvrent l’ensemble du massif. Un GPS de randonnée ou une application smartphone dédiée comme Alltrails ou Wikiloc
peuvent compléter les cartes papier. Il est recommandé de télécharger des cartes hors ligne avant le départ, la couverture réseau pouvant être limitée dans les zones montagneuses.
La réglementation du Parc National du Gennargentu-Golfo di Orosei
Le massif du Gennargentu fait partie du Parc National du Gennargentu-Golfo di Orosei, créé en 1998. Cette classification implique certaines règles à respecter scrupuleusement. Le camping sauvage est généralement interdit, sauf dans des zones spécifiquement désignées. La cueillette de plantes et le dérangement de la faune sont strictement prohibés. Il est conseillé de se renseigner auprès des offices du parc pour connaître les éventuelles restrictions saisonnières sur certains sentiers, notamment pendant les périodes de nidification ou de chasse.
L’approvisionnement en eau et nourriture : les sources naturelles et les villages
Bien que le massif soit parsemé de sources naturelles, leur débit peut être faible voire nul en période sèche. Il est donc indispensable de partir avec une réserve d’eau conséquente (minimum 2 litres par personne et par jour) et de la renouveler dès que possible. Les villages donnent la possibilité de se ravitailler, mais leur fréquence est variable selon les itinéraires. Il peut être intéressant d’emmener des aliments énergétiques et légers, comme des fruits secs, des barres de céréales et du pane carasau, le pain traditionnel sarde à longue conservation.
Les itinéraires de trek méconnus dans le massif du Gennargentu
Le massif du Gennargentu offre une multitude de sentiers de randonnée, dont certains restent relativement confidentiels. Ces itinéraires permettent de s’immerger dans des paysages grandioses et de découvrir la richesse écologique de la région.
Le circuit de Punta la Marmora : le plus haut sommet de Sardaigne (1 834 m)
L’ascension de la Punta La Marmora, point culminant de l’île à 1 834 mètres d’altitude, ravira tous les randonneurs aguerris. Le circuit classique part du col de Bruncu Spina, accessible en voiture. Cette randonnée, d’une durée approximative de 4 à 5 heures aller-retour, dévoile des panoramas spectaculaires sur la Sardaigne. Lorsque le ciel est dégagé, vous pouvez apercevoir la Corse, au nord. Le parcours serpente à travers une diversité de paysages, mêlant forêts de chênes verts et vastes plateaux rocailleux.
La randonnée des Gorges de Gorropu : le « Grand Canyon » sarde
Les Gorges de Gorropu, surnommées le « Grand Canyon d’Europe », sont une randonnée hors du commun. Cette entaille dans le massif du Supramonte atteint par endroits 500 mètres de profondeur. Après une marche d’environ 6 h, vous atteindrez la rivière Flumineddu. La traversée des gorges demande parfois un peu d’agilité, avec quelques passages d’escalade faciles et des franchissements de blocs rocheux.
Le sentier des Charbonniers : de Desulo à Aritzo
Ce sentier historique, autrefois emprunté par les charbonniers qui transportaient leur production vers les villages, relie les communes de Desulo et Aritzo. Long d’environ 12 km, il traverse des forêts de chênes et de châtaigniers. Le parcours est un mélange entre patrimoine naturel et culturel, avec la possibilité de découvrir d’anciennes carbonaie (sites de production de charbon de bois) et des abris de bergers traditionnels.
Découverte des forêts primaires de Montes
La forêt de Montes, située sur le territoire de la commune d’Orgosolo, abrite l’une des rares forêts primaires de Méditerranée. Un réseau de sentiers peu fréquentés permet de découvrir cet écosystème, dominé par des chênes verts et des ifs millénaires. La randonnée la plus populaire, d’environ 15 kilomètres aller-retour, mène au milieu de la forêt jusqu’à la source de Funtana Bona.
Pour découvrir ces itinéraires et bien d’autres, vous pouvez consulter les randonnées dans le parc national du Gennargentu répertoriées sur AllTrails.
Les hébergements atypiques le long des sentiers de randonnée
Dans le massif du Gennargentu, l’hébergement permet une immersion totale dans la montagne sarde. Ces logements, souvent rustiques, mais confortables, sont conçus dans le respect des traditions locales.
Les refuges de montagne : su gologne, Monti Ruiu
Les refuges de montagne sont des points d’étape inévitables pour les randonneurs effectuant des treks de plusieurs jours. Le refuge de Bruncu Spina se trouve à proximité de la Punta La Marmora et propose un point de départ idéal pour l’ascension du plus haut sommet de Sardaigne.
Le refuge de Monti Ruiu est une cabane rustique avec cheminée et zone de couchage, mais sans eau courante ; ce refuge vous plonge dans une ambiance authentique.
Les bergeries traditionnelles aménagées : ovilis et pinnetas
Pour une immersion totale dans la culture pastorale sarde, vous pouvez choisir un séjour dans une bergerie traditionnelle rénovée. Les ovilis et pinnetas sont des abris en pierre sèche autrefois utilisés par les bergers pendant la transhumance. Aujourd’hui, certains ont été aménagés pour accueillir les randonneurs dans un confort rustique, mais pour une expérience inoubliable. Ces hébergements permettent de vivre au rythme de la nature et d’observer la vie sauvage dans son habitat naturel.
Un bivouac en pleine nature : la réglementation et les spots recommandés
Le bivouac, à ne pas confondre avec le camping sauvage, désigne une installation légère et temporaire pour une nuit, sans tente fixe ni feu. Cette pratique est souvent tolérée en montagne, notamment au-dessus de 1 800 mètres d’altitude, dans les zones non protégées, à condition de respecter l’environnement et de ne laisser aucune trace. Dans les espaces protégés comme le Parc National du Golfo di Orosei e del Gennargentu, le bivouac est soumis à des règles strictes et n’est autorisé que sur demande préalable ou dans des zones spécialement aménagées. Pour rester dans les limites de la réglementation, il convient de monter la tente après 18 h et de la replier avant 8 h, sans feu ni installation durable.
Découvrir la culture pastorale et les traditions montagnardes sardes
Le Gennargentu est le berceau d’une culture pastorale riche et vivante. Partir à la rencontre des habitants de ces montagnes permet de s’immerger dans des traditions séculaires et de goûter à l’hospitalité légendaire des Sardes.
Une rencontre avec les bergers transhumants du Gennargentu
La transhumance reste une pratique courante dans le Gennargentu. Chaque année, de mai à septembre, les bergers conduisent leurs troupeaux vers les pâturages d’altitude. Ces déplacements saisonniers rythment la vie des communautés montagnardes et façonnent le paysage. Il est possible de participer à une journée de transhumance, pour découvrir le quotidien des bergers sardes. Vous apprendrez les techniques de conduite du troupeau, la fabrication du fromage en altitude et découvrirez le lien profond qui unit ces hommes à leur terre.
Une dégustation de produits locaux : le pecorino, le cannonau, le pane carasau
Le pecorino sardo, fromage de brebis à pâte dure, est l’emblème culinaire de l’île. Dans le Gennargentu, vous pourrez le déguster dans sa version la plus authentique, souvent affiné dans des grottes naturelles. Le cannonau, cépage rouge typique de Sardaigne, produit des vins parfaits pour accompagner les plats de la cuisine locale. Enfin, le pane carasau, pain plat et croustillant, était traditionnellement utilisé par les bergers pour sa longue conservation.
Les festivals et les fêtes de village : Cortes Apertas
Pour vivre pleinement l’atmosphère festive et traditionnelle du Gennargentu, vous pouvez participer aux nombreux événements qui animent la région. Le festival Cortes Apertas (Cours Ouvertes) aussi connues sous le nom de Autunno in Barbagia, se déroule de septembre à décembre dans une vingtaine de villages de la Barbagia. Chaque week-end, un village différent ouvre ses portes aux visiteurs, proposant des dégustations, des démonstrations d’artisanat et des spectacles de danses et chants traditionnels.
Un retour vers les côtes : les alternatives de transport éco-responsables
Le retour vers les zones côtières peut se faire de manière écologique, en privilégiant des modes de transport à faible effet environnemental. Ces options permettent de prolonger l’expérience immersive en découvrant d’autres facettes de la Sardaigne.
Le réseau de bus ARST reliant les villages de montagne aux villes côtières
L’ARST (Azienda Regionale Sarda Trasporti) gère un réseau de bus qui dessert l’ensemble de la Sardaigne, y compris les villages reculés du Gennargentu. Bien que les fréquences soient parfois limitées, ce mode de transport est une alternative économique et écologique pour rejoindre les principales villes côtières. Il est conseillé de réserver vos billets à l’avance, surtout pendant la haute saison et de vérifier les horaires qui peuvent varier selon les saisons.
La location de vélos électriques
De nombreux prestataires proposent des vélos adaptés aux routes montagneuses, avec une assistance électrique qui facilite les montées. Cette formule permet de profiter pleinement des paysages, de s’arrêter à sa guise dans les villages traversés et de moduler son itinéraire.
Le covoiturage local via des applications dédiées : BlaBlaCar, Mobicoop
Le covoiturage est une pratique de plus en plus populaire en Sardaigne, combinant économie, écologie et convivialité. Des plateformes comme BlaBlaCar proposent régulièrement des trajets entre les villages de montagne et les principales villes côtières. La plateforme coopérative et gratuite, Mobicoop est idéale pour organiser du covoiturage vers des festivals comme Cortes Apertas ou des randonnées.
Un road trip en Sardaigne, c’est l’occasion d’adopter une démarche plus intime et authentique du voyage. La traversée en ferry marque le début d’une aventure en douceur, plongeant progressivement dans l’atmosphère méditerranéenne. Une fois sur l’île, les routes mènent vers les montagnes du Gennargentu, où des sentiers méconnus révèlent une nature authentique et des traditions enracinées, loin des itinéraires touristiques classiques.